Collection #3 (2012)
Passion de l’Art en Finistère
Sélection d’œuvres issues de la collection d' Isabelle et Philippe Poitevin
30 juin - 2 septembre 2012
La sélection d’œuvres de la collection d’Isabelle et Philippe Poitevin réunit des œuvres d’artistes prestigieux et propose une lecture personnelle de l’histoire de l’art contemporain. Étendue sur une trentaine d’années de rencontres, d’échanges et d’amitiés avec les artistes, critiques d’art et commissaires d’expositions, cette collection s’est constituée par étapes successives en une cartographie des mouvements, des tendances et des moments fondateurs de différentes pratiques artistiques.
L’exposition présente plusieurs orientations, parmi lesquelles le Nouveau Réalisme, Fluxus, l’Art conceptuel ou les pratiques collectives des années 90, qui constituent quelques exemples de mouvements devenus historiques. Les œuvres uniques accompagnées de correspondance avec les artistes, de documents relatifs au contexte de leur production, ainsi que les éditions rares et les multiples témoignent qu’une collection au-delà d’une simple passion pour l’objet, c'est une participation créative au cours de laquelle les formes de l’art croisent celles d’une vie.
Entretien avec Philippe Poitevin >>
Philippe Poitevin : Effectivement la première pièce achetée le fût il y a presque 30 ans. C’est une œuvre sur bois, mi sculpture, mi tableau, de Georges Autard, un des tous premiers artistes exposés à Tours par Alain Julien-Laferrière alors que le CCC de Tours n’avait pas encore vu le jour.
Toutefois le vrai démarrage, c’est 1985. Nous faisions alors le choix de vendre notre maison située sur les bords de Loire, d’utiliser l’argent pour acheter des œuvres d’art, et ce en acceptant de passer du statut de propriétaires d’une maison bourgeoise à celui de locataires d’un petit T3 !
Mais d’un seul coup, cela avait permis à notre collection de prendre une toute autre dimension en intégrant des pièces de César, Ben, Opalka, Gasiorowski.
A.O : Les liens d’amitiés que vous entretenez avec les artistes et en général avec les acteurs du milieu artistique semblent alimenter votre curiosité pour différentes pratiques artistiques. Dans quelle mesure vos rencontres avec les artistes, critiques d’art ou commissaires d’expositions ont pu infléchir l’orientation de vos acquisitions ?
Ph.P : C’est indéniable que lorsqu’on est totalement candide et qu’on a la chance de commencer son initiation avec des critiques d’art aussi prestigieux que Bernard Lamarche Vadel, des directeurs de centres d’art comme Alain Julien-Laferrière ou Jacques Guillot, des artistes comme Olivier Debré, Ben, Jacques Villeglé, Raymond Hains, Roman Opalka, Panamarenko… etc, etc, ainsi que des galeristes comme Roger Pailhas, Michel Rein, Loïc Malle, Nahon etc… Et enfin des éditeurs d’art comme Maeght, Eric Linard, P. Forest (Item). Evidemment que cela permet d’avoir une formation accélérée et de qualité !
A.O : Dans certains documents qui accompagnent vos œuvres telles que les éditions ou les revues de presse on vous aperçoit au cœur de certains évènements, par exemple lors d’une performance de Ben. Vous montrez de l’intérêt pour la démarche de cet artiste non seulement à travers l’achat de ses œuvres, mais également de manière plus intime par une contribution tangible à leur production. Est-il courant pour un collectionneur d’être un « principe actif » d’un événement artistique ? Pourriez-vous nous informer de votre rôle dans la réalisation de certaines pièces de Ben ou de Lawrence Weiner ?
Ph.P : Malgré « mon grand âge » je suis tout de même un peu jeune pour avoir vécu des performances Fluxus historiques (en 65 je n’avais qu’11 ans). Il m’est tout de même arrivé de participer à certaines performances plus tardives dont celle mémorable de Ben au CCC de Tours pour la célèbre exposition « La jungle de l’art » en 1988 (j’y poussais Ben sur un lit d’hôpital et celui-ci haranguait la foule des visiteurs à l’aide d’un porte voix). Dans ces mêmes années j’ai suivi l’équipe « PERRIN, PARRENO, JOSEPH » sur de nombreux vernissages dont celui resté célèbre intitulée « LES ATELIERS DU PARADISE » en 1990 à la galerie Air de Paris à Nice. J’étais figurant le jour du vernissage au côté d’un certain Helmut Newton ! Mais la plupart des performances, je les ai faites avec les artistes le soir, voire la nuit, car pouvoir suivre des artistes comme Dietman, Panamarenko, Isnard, Poivret, Perrin relevait effectivement de la performance… physique !
Pour en revenir à la participation active dans la conception des œuvres d’art, celle-ci peut suivant les cas être insignifiante comme importante. Prenons l’exemple de Lawrence Weiner : On peut acheter une phrase et la placer où l’on veut puisque l’artiste n’a donné aucune consigne à ce sujet ; mais on peut aussi apporter sa propre contribution, sa propre interprétation en choisissant le support ; c’est le cas pour la pièce que l’on présente au Quartier « Ménage à 4 ».
Je pense également qu’il y a une grande responsabilité de la part du collectionneur privé dans le choix des œuvres car celles-ci ont le devoir de pouvoir cohabiter et dialoguer entre elles.
A.O : Quelle expression serait selon vous la plus appropriée pour définir votre pratique de collectionneur ?
Ph.P : Quelques mots : Passion, passion, passion……….. mais aussi prise de risque, chance, rencontres, bonheur.
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