Collection #4 (2013)
Passion de l’Art en Finistère : Collecting makes friends
Sélection d’œuvres issues de la collection de Steven Guermeur
Œuvres de : Esther Kempf, Valery Koshlyakov, Navid Nuur, Bernd Oppl, Ivan Moudov, Kamen Stoyanov, Erwin Wurm et Steven Guermeur
Du 29 juin au 15 septembre 2013
La sélection d’œuvres proposée par Steven Guermeur trouve sa singularité dans le mode de collectionner qui s’inscrit dans une longue tradition d’échanges d’œuvres entre artistes. Il s’agit d’une collection réunie par un artiste qui au gré de ses projets artistiques, mais également de ses expériences d’assistant de galerie et de commissaire d’exposition, a tissé des liens d’amitié et de complicité avec d’autres artistes. La pratique du don et contre-don, parfois proche d’un troc révèle ici un accord sur le principe d’équivalence entre les modes d’expression respectifs. Elle se situe à la frontière entre l’économie de l’art et une appréciation subjective. Ce type d’échanges reflète souvent les préoccupations communes des artistes d’une même génération, parfois faisant partie d’un groupe, comme les artistes Fluxus dans la collection de Jonas Mekas ou des minimalistes dans celle de Sol LeWitt. C’est également l’origine de plusieurs pièces de la collection de Steven Guermeur, issues d’échanges avec Kamen Stoyanov et Ivan Mudov, artistes avec lesquels il a fondé en 2009 la galerie 0gms à Sofia en Bulgarie, ou avec ceux qui ont rejoint cette plateforme ultérieurement comme Esther Kempf et Bernd Oppl.
Ainsi, associées pour la durée de l’exposition dans l’espace du Project Room, les œuvres de Steven Guermeur sont présentées avec celles contre lesquelles elles ont été échangées laissant apparaître de réelles affinités entre ces pratiques artistiques distinctes.
Anna Olszewska, 2014
Presentation des artistes. >>
Vit et travaille à Vienne en Autriche et à Camaret.
La pratique artistique de Steven Guermeur évolue en lien avec ses expériences d’assistant de galerie et de commissaire d’exposition. En mettant en scène les expositions et les œuvres d’autres artistes pendant les événements, les foires d’art et les biennales, Steven Guermeur oriente ses recherches autant sur les modes de production d’une œuvre d’art que sur le contexte de sa présentation. Ainsi, en s’emparant avec un humour distancié des questions de scénographie, des codes et des stratégies d’exposition, l’artiste examine le discours sur l’art, son économie et son évolution au sein des structures géopolitiques globales.
En 2009, l’artiste crée aux cotés de Kamen Stoyanov et Ivan Moudov le projet artistique et curatorial 0gms à Sofia en Bulgarie. Le 0 du nom de ce projet a été choisi stratégiquement, pour que dans les listes des foires d’art, des biennales, etc., 0gms apparaisse en premier. gms sont les initiales des trois fondateurs. Le groupe a été rejoint par d’autres artistes, notamment Esther Kempf et Bernd Oppl.
Vit et travaille à Zürich en Suisse.
Ester Kempf a étudié les beaux-arts et la scénographie à la Gerrit Rietveld Academie d'Amsterdam. En s’inspirant du cinéma, l’artiste expérimente les problématiques liées à la création d’un espace illusionniste en jouant sur la réciprocité entre l’objet et le lieu de sa présentation. Les effets de l’ombre et de la lumière modifient les caractéristiques des objets mis en scène, leur forme, leur couleur mais également la perception de leur masse.
Dans ses installations, Esther Kempf expérimente également les relations mécaniques entre les objets en réalisant les dispositifs qui détournent leur fonctions tout en mettant en jeu leur équilibre et leurs forces de tension.
Vit et travaille à Moscou en Russie.
Intéressé par la peinture réaliste, Valery Koshlyakov peint des toiles avant de déménager à Moscou au début des années 1990 où son vocabulaire évolue en confrontation avec une scène artistique en lien avec l’art contemporain occidental. Koshlyakov s’est fait connaître par la majesté de ses peintures d’architectures et de sculptures à grande échelle, en associant la grandeur de la civilisation gréco-romaine à la composition constructiviste. Cette citation historique est soumise à une déstructuration méthodique par le détournement des sujets, le dédoublement des motifs et l’usage des matériaux « pauvres » comme le carton, l’adhésif, le polystyrène et le goudron. En confrontant l’art contemporain aux racines du passé, soit par l’architecture, la mythologie ou les repères d’œuvre d’art historiques, l’artiste repousse les frontières des approches de l’avant-garde et de la tradition.
Vit et travaille à Sofiaen Bulgarie.
Connu pour ses actions artistiques qui confrontent, souvent avec une bonne dose d’humour, toute forme d’autorité, Ivan Moudov réalise des œuvres qui combinent un sens fort de l’absurdité, une habileté à user de l’espace ainsi qu’une remise en cause, quasi permanente, des valeurs régissant son environnement sociopolitique et artistique. Il travaille régulièrement sur des installations, ou avec des médiums comme la photographie, le dessin et la vidéo. Il s’intéresse à « l’idée d’un art impliquant et envahissant les plus puissantes structures des pratiques socioculturelles, comme la télévision, la publicité, les moyens de communication, et même le code de la route. »
Vit et travaille à La Haye aux Pays Bas.
La démarche artistique de Navid Nuur s’inspire de la culture skate et du graff. De ces pratiques performatives, l'artiste a gardé l'habitude d'agir directement sur son environnement, d'être dans l'action et de brouiller les frontières entre l’idée d’une œuvre et sa réalisation. Son travail est assimilé souvent à de la sculpture ou de l’installation, même si lui-même préfère le terme d'« interimodule », ou module intérim, dans l'idée que l'œuvre est un work in progress, non-fini par essence, rejoignant là les préoccupations de l'art conceptuel. L’expression « interimodule » permet également à l’artiste d’évoquer le lien spatio-temporel qu’il désire créer entre ses œuvres, l’espace de leur présentation et le public.
Vit et travaille à Vienne en Autriche.
Bernd Oppl a étudié la vidéo à l’Académie des beaux-arts de Vienne. Dans ses œuvres l’artiste recourt à différents médiums pour s’emparer de la manipulation de la représentation de l’espace et de l'architecture. Le point de départ de ses travaux sont des scènes de film, dans lequel les maquettes créent l’illusion d’un véritable espace physique. L’artiste imagine et construit lui-même de petites structures architecturales, qui lui permettent d’expérimenter les effets de perception qu’elles produisent leurs espaces. Traduction de ces images d’un médium à l’autre (du volume en photo) produit une distorsion et par laquelle l’espace devient le sujet lisible comme un scénario.
Les quatre photographies Delay Room (Chambre retard) montrent la transformation d’une chambre standardisée d’un hôtel. Installée dans un frigo, cette maquette est soumise aux fluctuations de température qui modifient réellement l’espace qu’elle est censée représenter.
Vit et travaille à Vienne en Autriche.
Dans son travail, Kamen Stoyanov explore la question de l’espace public à partir des codes d’une pratique artistique. Il est intéressé par la tension entre la culture et la culture populaire, les aspects politiques et sociaux de l'art et de la vie quotidienne. Dans ses projets souvent ironiques ou provocants, il aborde les questions de l'identité, de l'immigration, de ta transformation du système économique dans les pays de l’Est, en recueillant les expériences de première main sur les relations sociales, artistiques et culturelles. L’artiste associe librement des médiums et techniques variés (photographie, sculpture, néon, performance, dessin et vidéo) et utilise souvent les espaces urbains et l'environnement architectural comme lieux d'exposition.
« Self-portrait with a roll of paper » est un autoportrait en volume qui déjoue la représentation de l’artiste, caché derrière un rouleau de papier vierge qu’il tient entre ses mains. Ce geste renvoit au processus incessant de la production qui contraste avec l’absence d’image, comme une page blanche qui ouvre l’espace de projection à l’imaginaire.
Vit et travaille à Vienne et Limberg en Autriche.
Tout en utilisant la vidéo, le dessin, la photographie où la performance, Erwin Wurm explore la définition de la sculpture à travers la capacité de l’homme à se transformer et à évoluer dans toutes ses dimensions : physique, spirituelle, psychologique et politique. Avec beaucoup d’humour l’artiste analyse dans son œuvre la vie quotidienne, ses codes, ses angoisses et fait basculer des moments ordinaires dans un univers absurde. L’ensemble de son œuvre est marqué par le questionnement sur la place, la position, l’équilibre et l’encombrement.
La photographie présentée au Quartier fait partie de séries de « One minute sculptures », photographies des performances éphémères pendant lesquelles le corps est contraint à prendre une position inhabituelle, souvent grotesque, inscrivant dans l’espace un volume particulier, caractérisé par l’équilibre précaire d’un ready made vivant. Associés sur le même plan, les objets et humains deviennent une matière à détourner, à réinventer et à sculpter.
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